Les entreprises peuvent-elles durablement réduire leur empreinte numérique ?

Par Fabrice AllegoetLe 9 décembre 2023
empreinte du numérique

L’empreinte numérique des entreprises a à plusieurs niveaux un impact significatif sur l’environnement. Entre autres, la consommation d’énergie : équipements informatiques, services en ligne, centres de données et leur consommation importante d’eau. Idem la « pollution » numérique : publicité en ligne, téléchargements massifs, envois de mails,… Les déchets électroniques produits, etc. Pourtant, certains gestes simples à adopter et suivre au quotidien peuvent aider les entreprises à réduire leur empreinte numérique durablement.

L’empreinte numérique des entreprises : tour d’horizon 2023

L’activité d’une entreprise sur le plan digital, parce qu’elle est importante, nécessite de mieux la gérer. Et ce, compte tenu de son fort impact sur l’environnement.

L’empreinte numérique des entreprises : qu’est-ce que c’est ?

L’empreinte numérique désigne l’ensemble des informations ou données laissées par une personne quand elle utilise des outils de communication en ligne ou services. Cette trace sur internet se forme progressivement à mesure que l’on navigue sur le net. En ramenant cette définition à une entreprise, cela constitue l’ensemble des données et informations générées pour les besoins de son activité. Cela englobe les requêtes, échanges, traitement de courriels, le nombre d’envoi, le poids des pièces jointes… Idem, les données collectées lors d’interactions avec ses clients comme les historiques de commandes, informations sur le client, etc. Mais aussi les campagnes publicitaires, les ventes en ligne, l’usage d’un site web/des plateformes de média sociaux,…

Ainsi, l’émission et la réception de données équivalent à une consommation d’énergie. Certaines pratiques maximisent la pollution numérique compte tenu du nombre de personnes utilisant internet et les terminaux en général.

Des enjeux environnementaux réels : comment mesurer, évaluer son empreinte numérique et l’impact sur l’environnement ?

Compte tenu de la croissance exponentielle de l’usage des technologies de l’information et de la communication (NTIC), les entreprises sont amenées à réduire leur empreinte numérique. À noter cependant que celle-ci est intimement liée à l’empreinte carbone.

En pratique, sont concernés les terminaux (ordinateurs portables, fixes…), les réseaux et les centres de données. La fabrication tout comme l’usage de ces équipements (de travail) ont un impact important sur l’empreinte carbone et par ricochet l’environnement.

En effet, rien qu’en 2020, ce sont près de 800 millions d’équipements utilisateurs pour un usage personnel et professionnel utilisés, selon l’Ademe et l’Arcep. En 2022, l’impact environnemental du numérique concerne 2,5 % de l’empreinte carbone. Ce chiffre pourrait tripler d’ici à 2040. L’étape de fabrication des produits constitue 78 % de l’empreinte carbone du numérique et 21 % pour leur usage.

Les ordinateurs, tablettes et autres ont un impact environnemental élevé (entre 65 et 90 %), car ils nécessitent énormément de matières premières (ressources naturelles), de l’énergie…, suivi des centres de données ou data centers, (entre 4 et 22 %) pour leur consommation électrique élevée, notamment les serveurs et les systèmes de refroidissement ; puis des réseaux (entre 2 et 14 %).

Pour mesurer et évaluer l’empreinte numérique d’une entreprise, l’on peut s’intéresser aux impacts directs du numérique au sein de cette dernière, mais aussi indirects. Par exemple, la sous traitance, les services numériques, le traitement des déchets,…

S’intéresser aux impacts liés aux clients de l’entreprise compte tenu des produits ou services numériques mis à leur disposition.

L’on peut également prendre en compte les 4 indicateurs clés : l’émission de gaz à effet de serre (GES), les ressources abiotiques, la consommation d’eau et d’énergie. Il existe par ailleurs certains outils prévus expressément à cet effet comme My Impact, une calculatrice permettant d’évaluer l’empreinte numérique professionnelle de son entreprise. Simple d’utilisation, elle a été mise à disposition par l’Institut du Numérique Responsable (INR).

Toutes les entreprises sont-elles logées à la même enseigne ?

Toutes les entreprises sont concernées : celles qui fabriquent les équipements (terminaux), tout comme celles qui les utilisent pour travailler. En d’autres termes, toutes celles présentes sur internet ou utilisant du matériel informatique peu importe leurs tailles. Mais cela va plus loin, car certaines peuvent consommer plus que d’autres. L’on peut citer des infrastructures comme les data centers, les plateformes de streaming vidéo et audio, les géants de la technologie, les entreprises de e-commerce, les fournisseurs de services de cloud computing… En d’autres termes, les grandes entreprises numériques dans les secteurs liés à la technologie, médias, télécommunications.

À noter que la crise sanitaire a aussi impacté la façon dont les entreprises se servent du numérique pour communiquer en les poussant à s’équiper davantage en terminaux, à renforcer leur présence sur internet…

Réduire sur le long terme l’empreinte numérique des entreprises : privilégier des pratiques axées sur le développement durable

Les entreprises peuvent réduire durablement leur empreinte numérique en adoptant des pratiques responsables.

Apprendre à mieux gérer l’énergie et les infrastructures pour avoir des effets significatifs sur son empreinte numérique

La loi du 15 novembre 2021 visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique en France prévoit des mesures importantes afin de responsabiliser les acteurs du numérique. Elle prévoit entre autres de gérer efficacement l’énergie ; met l’accent sur des centres de données moins énergivores, et ce en faveur de la transition écologique. Elle promeut également des usages écologiques économiquement vertueux, grâce à un référentiel général d’écoconception des services numériques prévoyant des critères de conception durable pour les sites internet courant 2024.

S’intéresser aux écogestes numériques responsables pour réduire à long terme son empreinte

Il est important de tenir compte des cinquante-six recommandations de la plateforme RSE sur la responsabilité numérique des entreprises. Cela passe entre autres par :

  • L’adoption de la sobriété numérique : écoconception des services numériques, l’allongement de la durée de vie des appareils, la limitation des flux internet, mieux organiser son environnement de travail et sa communication écrite, etc. ;
  • La gouvernance avec la généralisation des bonnes pratiques de l’utilisation du numérique dans des chartes.

Ne sont pas en reste les outils existants pour réduire son empreinte numérique comme Minimal, Cleanfox, Lilo, Handbreak… Certains sont destinés à mieux gérer sa messagerie, les pièces jointes, le poids des vidéos, etc.

Sensibiliser les acteurs concernés : collaborateurs, partenaires, salariés

Pour que les choses marchent et évoluent dans le sens du développement durable, sont en jeu la responsabilité individuelle et collective. Cela nécessite un réel engagement des acteurs concernés sur la durée. Pour ce faire, la formation sur l’empreinte numérique, ses enjeux, et l’information des collaborateurs, salariés sont nécessaires. Notamment sur les impacts potentiels du numérique sur l’environnement. Les encourager à utiliser de façon responsable les appareils et logiciels : mise en veille, extinction des appareils… ; à nettoyer leur boîte mail en vidant régulièrement les spams,… sont autant d’actions à mener.

En somme, réduire durablement l’empreinte numérique des entreprises n’est pas impossible. Il faut de l’engagement, ainsi que l’optimisation des pratiques numériques et écoresponsables. Cela passe par l’utilisation responsable des appareils électroniques, l’usage d’applications ou logiciels économes en énergie ou outils destinés à la réduction de l’empreinte numérique…

À chaque entreprise, de mener une politique RSE efficace pour parvenir au résultat escompté.

Auteur de l'article: Fabrice Allegoet

Fabrice ALLEGOET est un formateur confirmé et certifié en droit social qui s'est spécialisé dans différentes matières (santé et sécurité au travail, RSE et développement durable, management et communication en entreprise). Il est l'animateur des Podcasts "Le CSE En Clair" et "Le Droit de Savoir by CÉOS".