L’écotourisme : est-ce une lubie, un nouveau terrain de jeu des lobbyistes ou une chance ?

Par Fabrice AllegoetLe 9 décembre 2023
écotourisme et développement durable

Concept relativement récent, l’écotourisme ne cesse de se développer en France ou à l’étranger, attirant de plus en plus de monde nonobstant la tranche d’âge. Du Costa Rica en passant par l’Équateur, du Kenya à Sao Tome et Principe ; de la ville d’Angers au département du Doubs ou la vallée de la Loire, les destinations écoresponsables sont de plus en plus mises en avant. Si littéralement le tourisme responsable peut s’avérer être une chance pour la préservation de l’environnement, encore faut-il faire face aux défis et risques de l’écotourisme comme son utilisation à des fins purement marketing pour du profit.

Écotourisme ou tourisme vert : un véritable phénomène de société

À travers ce concept, ne sont pas étrangères les approches superficielles, voire opportunistes de certains acteurs économiques. Toutefois, il serait réducteur d’emprisonner cette notion sous ce genre d’approches en se basant uniquement sur cette vision étriquée de la réalité ou des exemples isolés.

Écotourisme : qu’est-ce que c’est réellement ?

Écotourisme, tourisme vert ou tourisme durable, se cache derrière ces notions bon nombre d’enjeux : économiques, environnementaux, sociaux. L’écotourisme est une forme de tourisme visant à promouvoir le tourisme responsable, autrement dit, respectueux de l’environnement et des communautés locales. Il encourage ainsi les voyages responsables.

Bon à savoir : si le tourisme vert est plutôt louable comparativement au tourisme de masse, son impact n’est pas non plus neutre pour l’environnement : voyage (déplacement en train, avion, voiture...), hébergement, déchets produits, consommation…

En d’autres termes beaucoup d’énergie dépensée. Cependant, l’écotourisme fait plus de bien que de mal à la faune et la flore, notamment par la sauvegarde des espèces (menacés ou non, afin d’éviter leur extinction).

Les avantages de l’écotourisme sur l’économie et le volet emploi

De plus en plus de voyageurs ou touristes sont prêts à vivres des expériences authentiques, en parfaite harmonie avec les communautés locales et la biodiversité. En France près de deux tiers des Français se sentent concernés par le tourisme durable, bien qu’en pratique les plus jeunes sont plus sensibles à ce concept (les 18-24 ans). L’écotourisme est un moyen de soutenir les producteurs et entreprises locales. Il crée des opportunités d’emploi compte tenu du flux constant de touristes. Cela occasionne plus de demande au niveau des services d’hébergement, de transport, de guides touristiques, de restauration, etc. Les entreprises locales peuvent proposer leurs produits et services. Ainsi, elles peuvent profiter de ces opportunités économiques. L’écotourisme est donc source de croissance économique. L’on peut déjà l’observer à petite échelle, sur le plan local.

Les bonnes pratiques pour ne pas altérer les bienfaits de ce concept en plein essor

Tout commence par la législation avec la mise en place de règles strictes sur le tourisme durable. Ainsi que d’autres initiatives sur le plan supranational en rapport avec l’émergence de cette forme de tourisme. Cela passe par le respect des lois en faveur de la biodiversité, de la protection de l’environnement. À l’instar de la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages promulguée le 09 août 2016 ; de certains projets comme France Relance pour un Slow tourisme, du Fonds Tourisme Durable ou le financement d’un tourisme vert à l’échelle locale par l’Union européenne…

Le comportement des écotouristes

Par exemple, privilégier des destinations touristiques et structures engagées dans les pratiques durables. Il peut s’agir de celles signataires de chartes éthiques. Il ne faut pas non plus ignorer le volet respect de certaines règles de base comme : ne pas déranger les espèces animales et végétales ; être conscient des restrictions s’agissant de la collecte de plantes, autres ressources naturelles en guise de souvenir.

Mais aussi contribuer à des projets de restauration des écosystèmes, choisir des activités respectueuses de l’environnement, etc.

Comment découvrir le monde autrement

L’écotourisme présente des atouts à saisir, mais il ne faut pas omettre d’évaluer ses faiblesses.

Le principal objectif de l’écotourisme : une opportunité d’observer la faune et la flore sans l’abîmer

Les bienfaits de l’écotourisme sur le plan environnemental sont non négligeables. À savoir contribuer à la conservation de la biodiversité. Il s’agit de préserver les écosystèmes naturels en réduisant l’impact négatif du tourisme de masse sur l’environnement. C’est aussi une façon de sensibiliser le public notamment les écotouristes aux enjeux écologiques. Cela passe par des activités écologiques (randonnée, éco tours en petits groupes, excusions, croisières écoresponsables…), le respect de la nature et des animaux… pour leur permettre d’acquérir une compréhension profonde des intérêts en présence.

Les risques et défis liés à l’écotourisme

Tout d’abord le concept d’écotourisme. Certains peuvent y voir une tendance mode. Bien qu’il soit déjà possible de situer ce concept dans le temps. Déjà en 1991, la Société internationale d’écotourisme lui donna une définition. Cela montre bien qu’il existe depuis un bon moment, mais depuis quelques années ce concept intéresse de plus en plus de gens. Ainsi qui dit mode, fait aussi allusion à ce côté éphémère sans réel engagement envers la préservation de la planète. En cela, le tourisme durable peut être perçu comme une lubie.

D’autres peuvent avoir des doutes quant à la portée de ce phénomène

  • comment en pratique garantir des pratiques touristiques durables et vraiment écoresponsables ?
  • Comment faire face au flou juridique en Europe et en dehors de l’Europe s’agissant de l’usage abusif du terme écotourisme ?
  • Que faire des destinations/lieux présentés comme écoresponsables par les lobbyistes ?

En effet, le manque de réglementation ou d’usage de notions claires peuvent ouvrir la porte à des pratiques abusives de « greenwashing ».

Ainsi, certaines entreprises (secteur du tourisme…), acteurs économiques ou lobbyistes (chaînes hôtelières, partenaires commerciaux, agences de voyage…) sont capables d’utiliser ce concept sans mener une « politique » réelle en faveur de la conservation de la faune et de la flore. Dans les faits, l’on peut constater la vente de produits non locaux, proposer aux voyageurs des parcours en 4×4 à la découverte de la faune et la flore, l’usage de la piscine, d’air conditionné dans le lieu d’hébergement. Il y a aussi les hôtels dits écologiques fournissant des prestations qui ne sont pas à la hauteur du prix élevé présenté …

D’autres n’hésitent pas à exagérer sur leurs pratiques environnementales en faveur de la biodiversité. Tous ces comportements constatés peuvent se justifier. Par exemple, en l’absence de marque/label écotourisme déposé ou de charte officielle dans le monde.

Ainsi, ce terme peut être utilisé de façon libre, et ce, pour se faire uniquement du profit en attirant les voyageurs qui eux sont réellement sensibles aux enjeux environnementaux. Entre l’utilisation abusive du terme écotourisme, l’exploitation des communautés locales et des ressources naturelles, l’on peut légitimement se méfier de cet engouement autour du tourisme vert. Toutefois, il ne faut pas généraliser ces risques compte tenu des initiatives et destinations d’écotourisme absolument bienveillantes ; et apportant de réels bénéfices aux communautés locales tout comme à la préservation de l’environnement.

Comment rechercher l’équilibre entre la conservation de la biodiversité et le développement économique

L’écotourisme offre en réalité une chance de concilier la protection de l’environnement et le développement économique durable. En effet, si la gestion se fait dans les règles de l’art de façon responsable et réglementée, alors il peut s’avérer positif pour la biodiversité à long terme. Mais aussi les communautés locales et les écotouristes eux-mêmes. S’il est d’autant plus important de savoir limiter l’impact touristique sur les écosystèmes fragiles, il n’en n’est pas moins d’identifier les zones appropriées pour l’écotourisme : parcs nationaux, les aires marines, les zones rurales… Il y a matière à voyager, se dépayser dans le respect de la biodiversité.

Bon à savoir : en France par exemple, les Français pensent de plus en plus à adopter un comportement éco-consommateur durant leurs vacances, 59 % ont essayé au cours de leurs vacances de concilier écologie et tourisme selon les données du site Statista. Le marché de l’écotourisme bien que loin derrière le tourisme de masse n’est pas non plus à la traîne.

Bien au contraire, l’on peut légitimement penser à une croissance dans les prochaines années. En effet, sur le plan mondial, le marché représente déjà des milliards de dollars. Voyager en minimisant son impact sur la planète, en faisant profiter les populations locales, en mettant un point d’honneur à la conservation de la faune sauvage, tels sont les objectifs d’un tourisme responsable. Les retombées positives sur l’environnement sont bien réelles comme la conservation de la biodiversité, le développement économique durable, la valorisation culturelle, la sensibilisation et l’éducation des touristes à la protection de l’environnement

Question pour conclure

Cependant, entre risques à maîtriser et avantages, l’écotourisme changera t-il à la longue l’industrie du voyage ?

Auteur de l'article: Fabrice Allegoet

Fabrice ALLEGOET est un formateur confirmé et certifié en droit social qui s'est spécialisé dans différentes matières (santé et sécurité au travail, RSE et développement durable, management et communication en entreprise). Il est l'animateur des Podcasts "Le CSE En Clair" et "Le Droit de Savoir by CÉOS".