Une consommation durable et responsable doit-elle passer par les circuits courts ?

Par Fabrice AllegoetLe 23 décembre 2023
consommation durable et responsable

La consommation durable et responsable doit-elle passer par les circuits courts ? Ils représentent une façon de consommer responsable et raisonnée. Les avantages sont non négligeables :

  • réduction de l’empreinte environnementale ;
  • renforcement de l’économie locale ;
  • amélioration de la qualité et de la traçabilité des produits, etc.

Cependant, cette solution de consommer locale ne constitue pas une fin en soi. Il est tout à fait possible de consommer durable et responsable, autrement. Par exemple, en :

  • évitant le gaspillage alimentaire ;
  • consommant que ce que l’on peut ;
  • privilégiant des produits en vrac, le recyclage, compostage, les produits réutilisables

Tous ces gestes et comportements sont autant de façons de mieux consommer.

Les circuits courts : alternative pour une consommation durable et responsable

Il faut définir les différentes notions, envisager les avantages de consommer en passant par les circuits courts et quelques exemples de consommation responsable.

Constat et exemples d’une consommation durable et responsable

Les habitudes des consommateurs changent. De plus en plus sensibles aux enjeux environnementaux, aussi dans leur volonté de mieux consommer, l’on assiste à une augmentation du recours aux circuits courts ces dernières années. Le confinement y a également participé : la limitation des déplacements, se recentrer sur les circuits alimentaires de proximité… Parmi les produits les plus vendus en circuit court, l’on retrouve les olives, les fruits ou légumes, le miel…

► Quelques exemples pour consommer de façon raisonnée

Dans le secteur alimentaire : il s’agit de consommer des produits alimentaires locaux, privilégier l’achat en vrac pour moins de déchets. Opter pour un mode de vie plus écologique en privilégiant les produits biologiques… S’agissant des vêtements (industrie textile/mode) privilégier par exemple ceux de seconde main. Garder ses vêtements le plus longtemps possible tant qu’ils ne sont pas usés ou les vendre… En somme, réduire au maximum le gaspillage qui peut être alimentaire ou autre. Cela permet de faire des économies pour soi-même et c’est bénéfique pour la planète.

Consommation responsable et raisonnée, circuits courts, consommateur responsable : définition

La consommation durable et responsable, c’est une façon de consommer qui tient compte des piliers du développement durable (DD) : économique, social, environnemental. Cela participe d’une démarche respectueuse de l’environnement. C’est bénéfique pour la société en général avec la dimension équité sociale et pour l’économie, locale en particulier.

Il peut s’agir de consommer des produits :

  • écologiques, ayant un impact moindre sur l’environnement ;
  • biologiques ou issus de filières certifiés bio ;
  • fabriqués dans des conditions optimales de travail : respecter les horaires de travail et conventions internationales sur le travail ;
  • sans pesticides, sans phtalates, etc.

Il est important pour le consommateur d’être conscient de l’impact de sa consommation sur les différents piliers du DD, et d’adopter un comportement responsable. Autrement dit, que sa manière de consommer ait un impact positif sur la société.

Les enjeux autour de la consommation durable et responsable étant importants (économiques, sociales, environnementales) :

  • éviter le gaspillage de ressources naturelles ;
  • protéger l’environnement ;
  • promouvoir de meilleures conditions de travail ;
  • soutenir l’économie locale, participer au développement durable…

Selon le Conseil de l’Europe s’agissant de la consommation responsable, celle-ci tient compte de son impact sur la qualité de la vie humaine sur plusieurs plans : santé, gestion des ressources naturelles, économie, lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, culture, etc.

◼︎ Définition des circuits courts et typologie

Les circuits courts font référence à des flux de produits alimentaires comme non alimentaires, vendus directement du producteur au consommateur ou avec un nombre réduit d’intermédiaires. L’objectif étant de raccourcir la chaîne d’approvisionnement traditionnelle pour favoriser les échanges plus directs, transparents (avec une meilleure traçabilité). Ils participent à la réduction des coûts et l’empreinte environnementale s’agissant des transports et la logistique.

Pour définir concrètement ce qu’est un circuit court, il faut tenir compte de trois critères :

  1. un intermédiaire entre le producteur et le consommateur au maximum, sauf pour le secteur de la restauration collective avec quelques intermédiaires possibles ;
  2. des échanges qui sont monétisés ;
  3. et une recherche de proximité entre ceux qui produisent et ceux qui consomment (proximité géographique par exemple).

◼︎Il existe deux types de circuits courts : vente directe ou indirecte

▷ Vente directe

Il peut s’agir d’une vente sur le lieu de production, vente en paniers (par exemple, les producteurs préparent les paniers qui sont mis en dépôt-vente dans les commerces…), points de vente collective (les producteurs s’associent pour vendre leurs produits en direct) ; vente sur les marchés de plein vent et sur les manifestations ponctuelles (foires, salons, marchés…). Il existe par ailleurs d’autres modes de commercialisation comme la vente à domicile, etc.

▷ Vente indirecte

Il peut s’agir du volet restauration (publique et privée par exemple : établissements scolaires, entreprises, crèches…) ; artisans/commerçants : (des produits transformés qui sont vendus par des artisans/commerçants).

◼︎Définition du consommateur responsable

Le consommateur responsable, c’est celui qui n’est point passif, qui fait preuve d’une conscience accrue s’agissant de ses décisions d’achat ; qui tient à la fois compte de ses besoins personnels et de l’impact de ses choix de consommation sur le plan environnemental, social et économique.

Les avantages des circuits courts pour les producteurs, consommateurs, l’économie et l’environnement

Les circuits courts permettent entre autres :

  • La valorisation des produits locaux et respect du travail des agriculteurs ;
  • de combler le besoin de transparence, de traçabilité. Être rassuré dans ses choix de consommation, c’est possible quand le lien est direct entre ce que l’on consomme et ce qui est produit ;
  • Ils sont en parallèle créateurs d’emplois locaux…

Les consommateurs de plus en plus intéressés par les produits biologiques, par une consommation plus éthique et transparente font le choix des circuits courts. Une des clés de l’essor actuel des circuits courts est donc la recherche de transparence et cela se déroule le plus souvent dans un périmètre spatial restreint.

Bon à savoir

La consommation responsable et raisonnée, c’est aussi respecter le modèle d’économie circulaire, afin d’optimiser l’utilisation des ressources : les réutiliser, leur donner une seconde vie, plutôt qu’un modèle linéaire axé sur le tout jetable et ses dérives pour la planète. C’est par exemple en dehors de l’alimentation, s’orienter vers des produits reconditionnés, le textile en circuit court, etc.

Circuits courts et consommation responsable et raisonnée : une réalité pas si évidente ?

Si les circuits courts sont une possibilité à envisager pour une consommation durable et responsable, ils présentent cependant des limites, des alternatives sont donc à envisager.

Circuits courts, consommation responsable et raisonnée, faire face à la qualité des produits

Les produits locaux et la qualité ne vont pas forcément de pair. En effet, la qualité d’un produit dépend de plusieurs éléments, les :

  • conditions dans lesquelles il est produit ;
  • techniques de culture ;
  • méthodes de transformation.

Ainsi, les producteurs non engagés dans une démarche responsable peuvent ne pas appliquer ces principes de base. Ce qui peut impacter d’emblée la qualité du produit. Quant au consommateur, consommer ce type de produits, « made in France » dans des conditions non respectueuses de l’environnement, n’est pas une façon de consommer raisonnable et raisonnée quand bien même, il s’orienterait vers de la production locale. La base, c’est que les agriculteurs, dans leur méthode de production intègrent les piliers du développement durable. Adieu les pesticides, les engrais chimiques, les méthodes nocives pour la santé des sols, l’environnement.

Impact environnemental des circuits courts

Tout d’abord, les circuits courts permettent aux producteurs de vendre directement leurs produits à des prix plus justes aux consommateurs, ainsi, le nombre d’intermédiaires est réduit. La traçabilité est de mise et c’est une façon à la fois de consommer local, des produits de saison tout en soutenant les agriculteurs locaux. Aussi, il ne faut pas omettre la relation de confiance qui se noue entre producteurs et consommateurs. Connaître l’origine des produits, les pratiques agricoles utilisées, le respect de l’environnement,… les consommateurs sont de plus en plus en alerte sur ces sujets.

Aussi, leur impact environnemental est plus faible par rapport aux autres modes de distribution.

En effet, la distance parcourue est réduite entre le produit et le consommateur (trajets réduits, type de transports moins polluants, l’on évite l’avion…), cela participe à la réduction de GES. Idem pour la consommation d’énergie, se recentrer sur le local, les produits de saison,… permet d’en limiter son usage. Pas besoin de serres chauffées pour cultiver les produits à consommer par exemple. C’est aussi moins de déchets, en vendant directement ses produits, l’on évite de passer d’intermédiaires en intermédiaires… et donc la nécessité d’utiliser plusieurs emballages. Cependant, l’impact réduit dépend du mode de production : intensif, raisonné, extensif, biologique… auquel il faut tenir compte pour apprécier les effets de ces circuits de commercialisation sur la planète et la façon de consommer responsable des consommateurs.

Limites des circuits courts dans la consommation responsable et raisonnée et les alternatives à considérer

Les circuits courts doivent être perçus comme un moyen de consommer responsable, en aucun cas une fin en soi. En effet, l’offre et la demande peuvent ne pas être en adéquation. Par exemple, des demandes supérieures à l’offre. Si tous les consommateurs décident du jour au lendemain d’axer 100 % de leur consommation sur les circuits courts, le résultat peut ne pas être à la hauteur des espérances. Il y aura un manque, les populations ne pourront pas consommer correctement. Une autre difficulté, se sentir limité en termes de choix des produits. Ce qui peut aussi s’avérer problématique : ne pas pouvoir consommer à la hauteur de ses espérances. Les circuits courts ne sont pas encore la solution parfaite pour répondre à une consommation responsable et raisonnée de l’ensemble de la population.

Il faut encore faire face à des barrières pour leur extension à grande échelle.

🕵️ Comment adapter ce modèle local à plus grande échelle ?

Pour l’instant, ces circuits courts ne permettent pas de répondre aux habitudes de consommation actuelles. Par exemple, pour la restauration collective, produire des produits en grande quantité, et diversifier ces produits peuvent s’avérer problématique. Aussi, comment proposer des offres régulières, moins coûteuses, adaptées aux besoins de chacun ? Il faudra un réel appui des pouvoirs publics en ce sens. Le Conseil de l’Europe, dans sa recommandation pour une consommation responsable, a admis qu’il faut  :

  • développer un dialogue constructif à ce sujet ;
  • et promouvoir la coopération entre les pouvoirs publics et les différents acteurs concernés, s’agissant de la consommation responsable.

Il faut également prendre les mesures nécessaires pour donner un élan fort aux engagements sociaux qui animent l’économie solidaire, et qu’il est du devoir du Conseil de promouvoir cette synergie entre les différents acteurs concernés. Notamment les administrations, les citoyens, les entreprises, autour de cette économie solidaire. En l’espèce, il peut s’agir d’appuis nationaux et européens ; soutenir les mises en réseau en les aidant à fonctionner de façon coordonnée, etc.

L’on peut parallèlement mettre l’accent sur la RSE et les entreprises engagées dans une démarche de développement durable. Celles qui, dans l’ensemble de leurs chaînes de valeur : approvisionnement, commercialisation dans un objectif de consommation, adoptent des pratiques responsables. En ce sens, le consommateur peut s’orienter vers des labels écologiques pour le choix de ses produits.

Les circuits courts, au-delà de leurs aspects positifs, présentent aussi des limites pour le consommateur responsable : prix, contraintes saisonnières, disponibilité, diversité des produits, etc. Il est tout à fait possible d’orienter l’approche responsable sur un autre point, les certifications et labels environnementaux des entreprises engagées pour l’environnement ; qui respectent les droits humains, et plus, comme alternatives viables sur lesquels se tourner pour consommer responsable. Partant, concilier circuits courts, grandes entreprises ayant une politique RSE efficace est aussi une façon de consommer responsable et raisonnée. Cela offre plus de choix aux consommateurs sans pour autant être nocifs pour la planète puisque l’on fait référence à des acteurs engagés pour l’environnement. Chacun est sûr de tirer son épingle du jeu.

Auteur de l'article: Fabrice Allegoet

Fabrice ALLEGOET est un formateur confirmé et certifié en droit social qui s'est spécialisé dans différentes matières (santé et sécurité au travail, RSE et développement durable, management et communication en entreprise). Il est l'animateur des Podcasts "Le CSE En Clair" et "Le Droit de Savoir by CÉOS".