La fidélisation des salariés est un enjeu

Par Florian BenoistLe 25 février 2018

La fidélisation des salariés est devenue depuis quelques années, un réel enjeu pour de nombreuses entreprises. Elles sont en effet désireuses de conserver leurs talents au risque de les voir filer chez les concurrents. Mais tous les salariés sont-ils à ce point jalousés par les employeurs ? Sans doute que non.

L’enjeu de la fidélisation des salariés concerne en général, un nombre confidentiel de collaborateurs.

La fidélisation des salariés est élitiste

À une époque où il existe une franche pénurie de talents, les employeurs ont tout intérêt à proposer des garanties aux salariés voire des avantages. Il faut être capable de rivaliser afin de retenir chez soi les salariés talentueux. C’est ainsi que les politiques sociales tentent de répondre à ce phénomène. La fidélisation des salariés n’est plus une option ; cela devient une nécessité. Engager un recrutement, cela coûte cher et si on n’y prend pas garde, il peut devenir un gouffre financier si les personnes en poste finissent pas partir prématurément.

Les outils de fidélisation des salariés se réinventent pour s’adapter en permanence aux attentes de chacun (employeurs, collaborateurs).

Fidéliser les salariés répond à deux volontés ; la 1ère est guidée par le besoin de conserver à son service des personnes compétentes, la 2nd s’inscrit dans un désir de renforcer l’adhésion des salariés aux valeurs de l’entreprise. La notoriété des entreprises joue depuis plusieurs années, un rôle majeur dans leur croissance. À l’heure des avis en ligne et des grilles de notation, plus personne n’échappe vraiment aux critiques des internautes sur les réseaux sociaux notamment. S’il est démontré que les employeurs y font parfois leur marché, les salariés y règlent de temps à autre leurs comptes (CA Bordeaux, 12 février 2013 n° 12/01832).

Aujourd’hui plus que jamais, les salariés talentueux et exigeants sont de plus en plus difficiles à séduire.

C’est du reste assez inégal, car dans le même temps, il existe de nombreuses personnes en galère d’emploi. Mais faute d’être exceptionnelles pour les recruteurs intransigeants, elles devront faire la queue au supermarché du travail. Les plus chanceux seront chassés (pour ne pas dire pourchassés) par les dénicheurs de pépites et autres talents. Alors, imaginez que vous êtes en poste. Tout semble rouler, mais voilà, un cabinet de renom vous démarche pour le compte d’un super client désireux de grandir son équipe avec des perles rares. S’enclenche alors un jeu de « je t’aime moi non plus », lequel sera sans doute source d’incertitudes comme de propositions alléchantes. Seriez-vous prêt à tourner le dos à un job équivalent au vôtre alors que les conditions proposées sont de meilleure facture ?

C’est une question à laquelle chacun répondra pour lui-même. Mais c’est précisément à cette question que répond l’enjeu de la fidélisation des salariés.

Les employeurs rivalisent d’inventivité en la matière. Ils aménagent plus confortablement les espaces de travail des salariés afin d’augmenter leur qualité de vie au travail. Des conditions de travail plus agréables produisent nécessairement des résultats bien meilleurs en termes de productivité. Le management est plus souple ; là encore, les employeurs vont préférer des collaborations moins empreintes d’autorité afin que chacun puisse sincèrement collaborer au succès de l’équipe, du service et plus largement de l’entreprise. La bienveillance du management contrairement au management par la peur résonne dans l’esprit de certains employeurs comme une évidence.

La fidélisation des salariés se réfléchit sous différents angles

Fidéliser les collaborateurs ne passe pas uniquement par des augmentations de salaire. Personne n’est contre une valorisation de sa rémunération, mais de nombreuses personnes misent prioritairement sur leurs conditions de travail et leur épanouissement professionnel. La perspective d’une plus grande reconnaissance de son travail et d’une évolution au sein de son service est davantage appréciée la plupart du temps. De même, les salariés veulent nourrir de meilleures relations avec leurs collègues et leur hiérarchie. Ils espèrent tirer profit de leur expérience et expertise pour exceller dans leur art.

Aussi, les leviers de motivation des salariés reposent plus sur l’environnement de travail que dans le jeu des primes et des bonus.

Bien entendu, pour l’employeur, le salarié ne doit pas être vu comme une matière première lambda, mais davantage comme une relation privilégiée placée au même niveau que celle d’un client. Le salarié devient en quelque sorte un client interne et propre à l’entreprise. La politique sociale vient remplacer la politique commerciale. L’employeur via le service des ressources humaines va marketer la façon dont l’entreprise va entretenir le lien sur du long terme avec ses salariés incontournables. L’heure de la séduction a sonné ! Les salariés préfèrent que leur employeur joue au père Noël plutôt qu’au père Fouettard. Certaines entreprises l’ont bien compris et ont intégré dans leur politique, des dispositions allant dans ce sens.

Elles ont par exemple misé sur des contributeurs du bonheur au travail comme le suppose la fonction tant convoitée de nos jours de Chief Happiness Officer.

La fidélisation des salariés repose sur des actions concrètes

L’aménagement des locaux peut jouer un rôle majeur en matière d’attrait de l’entreprise. Les open-spaces n’ont plus la côte, les bureaux fermés hermétiquement ne sont plus réellement prisés. Les salariés sont plus attachés à des espaces semi-ouverts, de taille plus réduite ou humaine, au look plus soigné et aux équipements plus sophistiqués. Les salariés veulent se réinventer dans un espace de travail plus propice à la créativité et au travail d’équipe. Les employeurs misent aussi sur des mesures fiscales pour booster la fidélisation des salariés. Même si l’argent n’est pas le 1er moteur en soi pour ces salariés en quête d’une meilleure vie au travail, personne n’est opposé à quelques avantages.

Les chèques cadeaux, les chèques vacances sont des mesures offrant des avantages fiscaux indéniables tant pour les employeurs que pour les bénéficiaires.

Les entreprises qui investissent ce terrain-là sont assez nombreuses. Quelquefois, elles vont même proposer aux salariés, l’accès à des plateformes d’achat en ligne offrant des remises en pagaille. La plateforme d’avantages séduit par sa simplicité et par son plus faible coût. Elles sont très appréciées par les entreprises dont l’effectif est inférieur à 50 salariés. En effet, en deçà d’un tel effectif, les salariés ne peuvent pas bénéficier des avantages proposés par un comité d’entreprise ou par un comité social et économique.

Constat d'Expert

Ces offres tentent d’y remédier en s’inscrivant dans le marché des remises consenties aux salariés par des collectivités.

Certaines entreprises misent sur des idées des plus innovantes en investissant les domaines du bien-être au travail. Ainsi, certains salariés pourront profiter d’espaces de relaxation, de bars à jus de fruits, d’une cantine dernier cri, d’un solarium sur les toits de Paris, d’un espace de lecture ou d’une séance de luminothérapie. Bref, tout est bon lorsqu’il s’agit de fidéliser ses collaborateurs chevronnés. Les employeurs quelque peu avant-gardistes sont convaincus que les talents de demain seront de plus en plus exigeants ; les salariés ne sont plus prêts à accepter un emploi même bien rémunéré si c’est pour travailler dans des conditions jugées archaïques ou indignes de leur rang.

Témoignage

C’est comme tout ; la concurrence oblige les entreprises à s’aligner sur des méthodes de travail plus ingénieuses et respectueuses de la santé physiologique et psychologique des collaborateurs.

L’essor du télétravail surtout depuis les ordonnances Macron incite par ailleurs les entreprises à tenir compte du confort recherché par les salariés (article 24 de l’ordonnance n°2017-1387) ; ils veulent travailler dans un environnement assez symboliquement proche de leur domicile. Travailler comme « à la maison ». Le fait maison est devenue une marque de fabrique du bonheur. Elle est utilisée pour vanter les mérites d’une restauration saine, d’une éducation reposée ou d’un espace où il fait bon vivre. Synonyme de partage, l’ambiance comme à la maison, c’est aussi, la bonhomie, l’entente (entendez cohésion sociale), et surtout pas de stress (ou juste à dose homéopathique).

Les salariés veulent bien travailler et épouser les exigences de l’entreprise, mais sans renoncer à leur confort de vie au travail. La fidélisation des salariés a donc un prix !

Auteur de l'article: Florian Benoist

Juriste en droit social depuis 5 ans, Florian est un jeune dynamique et talentueux qui a œuvré dans différents cabinets d’avocats avant de prendre son envol en tant qu’autoentrepreneur. Il est désormais consultant et formateur à son compte et travaille notamment pour des TPE, associations, syndicats et des comités d’entreprise.